Coparentalité et éducation de l’enfant
Terme jusqu’à récemment utilisé pour qualifier le rôle éducatif d’un couple séparé ou divorcé envers ses enfants, le terme de « coparentalité » a aujourd’hui une seconde définition, celle des couples de même sexe qui décident d’avoir un ou des enfants avec un autre couple de même sexe (un couple gay et un couple lesbien) et d’en partager l’éducation et la garde.
Alors, la coparentalité, comment ça marche ?
Discuter du projet de coparentalité dans son couple
La première chose à décider, bien qu’elle soit en général choisie au moment où naît le projet de coparentalité, est de choisir qui sera le parent biologique (et, pour les couples gays, dans la très grande majorité des cas, le parent légal, car pour les couples lesbiens, la mère biologique sera automatiquement le parent légal de l’enfant), en ayant conscience du fait que cela engendrera un déséquilibre dans le couple. D’ailleurs, certains couples font le choix d’avoir plusieurs enfants en coparentalité, chaque membre du couple étant le parent biologique et légal d’un des enfants, ce qui peut être une façon d’éviter un déséquilibre trop grand.
Trouver l’autre couple de coparents
Avant de se lancer dans un projet de coparentalité entre 3 ou plus adultes consentants, il est essentiel de discuter de ses valeurs morales, de sa vision de la parentalité et de l’éducation d’un enfant, parce que ce n’est pas un engagement à prendre à la légère, la parentalité sera partagée, mais également tous les droits et les devoirs vis-à-vis de l’enfant.
Toutefois, pour éviter toute déconvenue, il est possible d’écrire, avec ou sans l’aide d’un avocat, une charte de la coparentalité entre tous les coparents de ou des enfants, et ce, avant leur naissance. Cette charte déterminera les droits et les devoirs des coparents et pourra être homologuée par le Juge aux affaires familiales, qui s’y réfèrera en cas de différend.
Sachez cependant que même si ce projet se réalise à 3 ou plus parents, seuls les 2 parents biologiques seront les responsables légaux de l’enfant ; les conjoints, le cas échéant, ne seront que « parents sociaux » et n’auront aucun droit ni devoir auprès de l’enfant. Toutefois, les parents sociaux peuvent procéder à une adoption simple, avec l’accord des 2 parents légaux, ils auront donc une filiation légale avec l’enfant mais pas d’exercice de l’autorité parentale.
Discuter des choses pratiques avant la naissance de l’enfant
Une fois les futurs coparents en adéquation pour la conception de leur enfant, il est également essentiel de discuter de l’organisation de la garde de l’enfant, en fonction du lieu d’habitation des coparents (qui ne vivent que très rarement sous le même toit), du cas où ils vivraient dans des villes différentes, qui a la garde la semaine, les week-ends, quelle répartition du temps avec chaque coparent, comment s’organise la répartition des vacances, l’école, etc., mais également la répartition des charges financières que l’éducation d’un enfant engendre.
Pendant la grossesse
Pensez également à aborder le sujet de la grossesse. Qui sera présent lors des examens médicaux ? Les futurs coparents ont-ils prévu de passer du temps ensemble ? Qui sera présent lors de l’accouchement ?
A l’arrivée de bébé
Il est évident que lors des premiers mois de vie du bébé, si la mère biologique a décidé d’allaiter (c’est aussi une question qui peut être abordée lors des échanges pré-conception, même si, bien souvent, la mère biologique prendra cette décision elle-même), la garde alternée ne pourra être mise en place immédiatement. Dans ce cas-là, quelle sera l’organisation pour les visites des coparents, etc. ?
Quand l’enfant grandit
Une fois l’enfant plus dépendant de la mère pour l’allaitement (qui n’a ni durée minimale, ni durée maximale), il sera alors plus libre et mobile. Pourra alors réellement s’installer la garde alternée (mode choisi dans la très grande majorité des cas de projet de coparentalité).
Anticiper les potentiels changements dans la vie de chaque couple
Il arrive parfois que l’un des couples de coparents doivent déménager loin du domicile de l’autre couple de coparents, pour des raisons professionnelles, par exemple. Il est donc important de discuter des changements que cela va engendrer dans la vie de l’enfant et des nouvelles modalités de garde.
Comment ça se passe en cas de conflit entre les coparents ?
Comme pour un couple divorcé ou séparé, si les coparents n’arrivent pas à s’entendre sur des décisions à prendre concernant leur progéniture et que cela crée un grave conflit, alors, il faudra s’en référer au Juge des affaires familiales, qui prendra une décision qui sera la meilleure pour l’enfant au moment de la demande.
La clé du succès ? La communication !
On ne le répètera jamais assez, mais se lancer dans la coparentalité n’est pas un projet à prendre à la légère. C’est un peu comme avoir un enfant en plein divorce, les sentiments et les conflits entre les coparents en moins. Rappelez-vous que c’est le schéma familial dans lequel évoluera votre enfant. Pour cela, il est donc essentiel de choisir le bon couple de coparents et de les connaître suffisamment avant de décider d’être liés à eux pour le restant de vos jours.
La clé pour cela, c’est évidemment la communication. Et à la différence d’un couple divorcé, il n’est pas supposé y avoir de ressentiments entre les coparents. Donc, si une bonne communication entre les coparents est en place, tout devrait bien se passer !